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L'ADPMA9 détaille ses propositions à Vinci

A l'attention de:

 

Monsieur Salvador Nuñez

Directeur des Opérations

 

Vinci Autoroutes

 

Objet : proposition d’aménagement pour réduire l’impact environnemental et sur la santé publique, du doublement de l’A9 

 

 

Saint Aunès, le 29 juillet 2014

 

Monsieur Nuñez,

Nous tenons à vous remercier pour l’échange de points de vue que nous avons eu ce 18 juillet au sujet du projet de doublement de l’A9. Il  nous a permis  de mieux comprendre les logiques d’aménagement  dont VINCI Autoroutes a acquis l’expertise et a l’habitude de  mettre en œuvre, afin de répondre à des objectifs d’ordre  paysager et aux contraintes légales en matière de réduction du bruit.


Les techniques d’aménagement paysager envisagées nous semblent en effet adaptées à cet objectif: plantation d’arbres peu développés au départ et menés de manière “extensive” sur les talus et les zones où vous avez une emprise foncière, afin de s’assurer de l’adaptation des arbres aux conditions de climat méditerranéen et de la durabilité des plantations*.


De la même manière, les moyens de lutte traditionnels contre le bruit à base de merlons et de murs antibruit nous semblent en effet répondre aux aspects réglementaires** .

Ceci dit, sans remettre en cause la pertinence de ces approches adaptées à une logique paysagère (élevage  peu intensif  des arbres, zones arbustives de hauteur moyenne...) ou une logique de lutte réglementaire contre le bruit , il nous semble que l’objectif poursuivi par notre projet pilote pour réduire l’impact environnemental du projet de doublement de l’A9,  obéit à un autre type de cohérence, qui nécessite de
revoir de manière très significative l’approche traditionnelle de l’actuel projet d’aménagement au niveau de Saint Aunès.

En effet, il s’agit en particulier à hauteur du village de saint Aunès , des Garrigues et du hameau de la Crouzette, non pas de mettre en place, un aménagement paysager,  mais de constituer une véritable zone de production intensive de biomasse forestière et arbustive afin de limiter la pollution et le bruit.


Pour pouvoir remplir un rôle effectif de filtre contre la pollution de l’air et de limitation du bruit, cette masse végétale doit atteindre rapidement un niveau suffisant en masse par mètre linéaire, ou unité de surface et en hauteur (20-30m pour les arbres de haut jet). Ce volume de végétation est en effet primordial pour remplir correctement les fonctions visées***.

Pour cela les moyens classiques (irrigation manuelle au pied des arbres, faible fertilisation,... ) ne suffiront pas. Outre le choix d’ espèces végétales adaptées aux objectifs de fixation des polluants et de limitation du bruit (qui peuvent aussi remplir un rôle paysager) , il faut mettre en place les moyens techniques adéquats pour optimiser la pousse. Ceci implique, dans ce milieu hostile du fait des données climatiques et de la présence de polluants (ozone, particules fines , NOx , métaux lourds, COV, HAP ****), la mise en œuvre de techniques forestières et agronomiques adéquates (travail du sol,  paillage biodégradable au sol pour lutter contre les mauvaises herbes, fertilisation raisonnée, irrigation par micro aspersion sous frondaison, tuteurage des arbres et protection des troncs contre le soleil,  les rongeurs et autres ravageurs...). Il faut également densifier les plantations pour former rapidement un mur végétal constitué par les différentes strates (arbres de haut jet, moyen et arbustes) afin que la végétation puisse  remplir le rôle d’écran végétal. L’alternance de végétaux  à  feuilles caduques  et pérennes est aussi nécessaire pour capter les différents types de polluants.

Il s’agit donc de changer radicalement d’optique pour passer d’une approche paysagère classique à une vision environnementale où le végétal sert d’écran aux polluants et au bruit. Ces objectifs sauront d’autant plus vite atteints que la masse produite de végétation représentera un volume et une hauteur importants. Ceci oblige à emprunter des itinéraires techniques de plantation  et d’entretien de la végétation beaucoup plus intensives, qui n’ont rien de comparable avec les techniques traditionnelles mises en place par ASF/VINCI. En sachant que ces techniques intensives ne sont pas à généraliser sur l’ensemble du tracé de l’A9, mais  uniquement sur les zones prioritaires d’aménagement écologique (proximité des zones habitées). Ailleurs, les techniques habituelles suffisent.

Nous sommes très conscients du fait que ces techniques sont en rupture avec  les approches classiques que vous avez l’habitude de pratiquer. Mais nous vous demandons, dans la continuation de l’échange positif que nous avons eu le 18 juillet, l’exercice d’empathie indispensable pour intégrer des objectifs différents des vôtres au départ et qui correspondent aux priorités de riverains pour leur santé et celle de leurs enfants (Souvenez-vous que deux écoles jouxtent l’autoroute).
Mettez-vous à notre place de riverains:  vous verrez, tout de suite la logique de notre approche vous semblera plus évidente; et à notre place, vous tiendriez sûrement notre discours !

Que cela génère des coûts supplémentaires, nous sommes prêts à l’entendre ; mais ne faut-il pas alors solliciter les fonds spécifiques à ce sujet qu’a mis en place VINCI (fond “autoroute verte” ou  “Club infrastructures linéaires et biodiversité”  auxquels vous participez avec d’autres gestionnaires d’infrastructures), et aussi solliciter avec l’appui des élus, des fonds publics via le Plan de Protection de l’Atmosphère de Montpellier, par exemple pour le suivi et l’évaluation scientifique de cette opération pilote ?

En effet, comme nous vous l’avons indiqué, nous allons également défendre cette approche auprès des autorités publiques (Préfecture , DREAL, ...) dans le cadre d’une action pilote à hauteur de Saint Aunès, que nous souhaitons voir  inscrire au Plan de Protection de l’Atmosphère de l’Agglomération de Montpellier (PPA) et dont la révision est en cours.

Si vous êtes donc d’accord pour intégrer très concrètement ces objectifs complémentaires que nous avons définis plus précisément dans ce mail et dans le document présenté le 2 juin à Saint Aunès et lors de notre exposé de la réunion du  18 juillet,  nous sommes  prêts à vous apporter notre aide et savoir faire (cf . nos compétences ci-après) afin de bien préciser ces attentes, lors d’une rencontre qui pourrait avoir lieu, si vous êtes d’accord, dès le mois de septembre afin de ne pas perdre de temps. Nous pourrions ainsi  nous assurer ensemble de la mise en phase de nos approches et contribuer à une bonne finalisation des objectifs poursuivis. Comme vous l’avez justement souligné, la planification en pépinière nécessite un minimum de délai d’anticipation, et  les questions de temps revêtent donc leur importance, même si en effet nous disposons d’un peu de délai.

Comme nous vous l’avons exprimé , nos souhaitons que soit confié à un bureau d’étude ou à vos intervenants habituels, la réalisation de ce projet, car nous n’intervenons là qu’en tant que citoyens et ce n’est pas notre métier. Nous sommes d’accord par contre, pour apporter notre expertise dans le cadre de la définition d’un cahier des charges du projet, en tant que membres d’un comité de pilotage de l’opération .

Notre expertise:
Je suis Ingénieur Agronome et dans le cadre d’une coopérative fruitière de notre région,  je conseille  depuis 30 ans sur le plan technique une centaine de producteurs en matière de conduite de vergers (500 ha de pommiers; 60 ha d’aspergeraies... ). Je suis donc habitué à la gestion du végétal et la plantation d’arbres en culture intensive et sous nos climats. Je vous joins à titre d’illustration et d’information utile à notre projet un extrait de la brochure que nous avons réalisé sur la plantation de haies dans notre secteur avec les ingénieurs de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, le Centre expérimental Horticole de Marsillargues et le Conservatoire des Espaces naturels. Elle peut vous aider vos intervenants pour mettre en forme notre projet.


Mr Michel Faucherre est physicien et il pourra aussi apporter ses conseils d’expert sur le plan de la gestion du bruit. 


Mme Isabelle Willis est viticultrice, et de par sa pratique, elle pourra aussi apporter son éclairage concret sur nos propositions.

Dans l’attente de votre réponse, et vous remerciant par avance de l’attention que vous pourrez porter à notre courrier, veuillez agréer Monsieur Nunez, nos meilleures salutations.

Pour l’ADPMA9,

Georges Fandos
Président de l’ADPMA9

 

 

 



PS : sur les différents type de revêtements routiers nous reviendrons également vers vous avec des éléments qui nous semblerons précis et “vérifiés” par des tiers indépendants afin d’étayer la discussion. Ce  qui ne met aucunement en doute votre volonté de bien faire comme vous nous l’avez expliqué, sur la base de votre expérience indéniable, mais il nous semble toujours intéressant d’explorer des pistes de progrès possibles.


* Dans ce cadre nous avons bien noté que l’arrosage est donc limité aux deux premières années et fait de manière manuelle (14 passages en 1ère pousse, puis 12 passages en 2ème année). Pour la partie du projet pilote que nous soutenons, et qui nécessite des irrigations  régulières, nous nous permettons  de suggérer de substituer ces pratiques manuelles par l’irrigation par de la micro aspersion  qui diminue le temps et les coûts d’intervention (programmation des irrigations et fertilisations à commande par électrovannes au lieu des interventions manuelles: c’est  plus cher à l’investissement mais beaucoup moins élevé en fonctionnement et au bilan c’est donc positif). Il nous paraît de plus difficile de concevoir d’arroser régulièrement à la main des plantations située en talus et derrière un mur antibruit sur des longueurs importantes.

** Cependant,  à cause des phénomènes complexes d’interférence et de diffraction du bruit, il nous semble utile de vérifier sur le terrain le bruit réel et non seulement simulé par modélisation, par exemple au niveau de la “coulée verte” dans le village de Saint Aunès.

*** Nous tenons à votre disposition les études scientifiques qui permettent de vérifier ces corrélations.

*** Nous renvoyons à ce sujet à l’abondante littérature scientifique à ce sujet qui indique par exemple qu’au delà de 65 micro grammes d’ozone par  m3 d’air pour 24h, les végétaux sont freinés dans leur pousse (niveau d’ozone fréquemment atteint aux abords de l‘autoroute). Nous tenons à votre disposition ces références scientifiques, écologiques et  et agronomiques.



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